Confidences d'une « épouse »

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il y a 6 ans

Confidences d'une « épouse »

L’amour entre hommes existe-t-il? Un magazine gay a posé cette question, récemment. À cette question, j’ai une réponse. Oui, l’amour entre hommes existe. Je l’ai rencontré. Je l’ai rencontré et je l’ai gardé. Je le vis aujourd’hui comme je le vivais hier et, comme j’en suis sûr, je le vivrai demain.

Pour comprendre mon histoire, votre lecteur devra se représenter un garçon très, très efféminé. Ce garçon efféminé, cette folle tordue si vous préférez, c’est moi. J’ai toujours été très fille. J’ai essayé de me corriger de ce travers à un moment donné, pendant l’a d o l e s c e n c e . Je n’y suis pas parvenu. Il est difficile d’aller contre la nature. J’ai vite renoncé à aller à rencontre d’un comportement qui, dès lors que je voulais le corriger, m’obligeait à me surveiller et à me contraindre à chaque seconde de ma vie.

Bien sûr, dès l’âge de la maternelle jusqu’à mon service militaire (je n’ai fait que les trois jours), j’ai été l’objet de toutes les railleries, de toutes les moqueries. “La fille”, “la gonzesse”, “la fille manquée” ou “le garçon manqué” (les hétéros n’ont pas l’air sûr de leur vocabulaire), “la tapette”, Gaëlle, j’ai eu droit à tous les diminutifs. Il ne servait à rien d’expliquer aux gens que je n’étais pas responsable de mes hanches étroites et de mes fesses en olive, de mon visage gracile et de mon total manque de goût pour les jeux de garçons virils et brutaux.

Si j’ai la démarche chaloupante et la voix fluette, je n’en suis pas plus responsable que de mon 38 de pointure ou de ma peau glabre et douce. Entre mes quinze et seize ans, époque où a sévi la mode des cheveux longs, je me suis abstenu de les porter dépassant au-dessus des oreilles car, si cela arrivait, on me disait “mademoiselle” dans les magasins. C’était tout ce que je pouvais faire pour endiguer l’afflux d’une féminité que je sens jaillissant en permanence en moi. Dès ma dix-septième année, je me suis mieux accepté. Et aujourd’hui, dans mon âge mûr, je suis totalement moi. Je laisse libre cours à mes voies naturelles. Il m’arrive de me mettre en femme dans le centre d’esthétique que j’ai ouvert, il y a huit ans maintenant. Christophe m’accepte totalement ainsi. Et cela me suffit...

Christophe, je l’ai rencontré un soir d’août 1985 à Toulouse. Bien sûr, avant lui j’avais couché avec des garçons, des hommes, mais cela ne me satisfaisait pas. C’était un rapport homosexuel. D’homme à homme. Frustrant pour moi. Il me manquait l’essentiel... Le rapport homosexuel à l’époque, déjà, était fugitif, froid, dépouillé et direct. Je voulais lire dans les yeux de mon partenaire de l’attention, de la curiosité, une séduction progressive. Je voulais du temps, des sentiments. Ce n’est pas pour rien que j’avais lu toute la collection Harlequin durant mes années de lycée.

Je savais que pour ça, il n’y avait qu’un moyen: tromper l’ennemi, gagner l’autre bord. Il n’y a que sur l’autre bord que demeure un reliquat d’amour courtois de partenaire à partenaire. Je me suis habillé en femme. C’était la première fois que je le faisais, ce soir d’août où la chaleur était effroyable. J’avais vingt-trois ans. J’ai évolué dans le quartier entre la rue Bayard et la gare. Le quartier des putains. Mais je ne faisais pas putain, j’étais “classe”.

Christophe m’a abordé. On est allés boire un verre. Il était d’une beauté à couper le souffle et d’une virilité qui me laissa pantelante. Vous voyez Fabio Testi, l’acteur? C’était son sosie. Grand, baraqué, très brun, cheveux noirs mi-longs, l’air voyou et macho, les joues piquées d’une barbe de trois jours... Mon idéal, quoi! L’homme de mes rêves que je n’aurais jamais pu accrocher, encore moins séduire si j’étais resté en mec. Bien sûr, il me prenait pour une femme. Il me désirait. Assis au comptoir du bar où nous sommes restés jusqu’à l’aube, il était de plus en plus penché vers moi. Il m’a embrassé. Il m’a embrassé encore... et je l’ai embrassé, à mon tour. Éperdue d’amour pour lui, j’ai tourné sur moi-même comme une toupie en frôlant des lèvres sa joue où flottait une fragrance d’homme...

Au début il a cru que j ’étais une prostituée. À cinq heures du matin, quand le désir s’exacerbe, quand menace le jour et que les eaux doivent se partager, je lui ai dit:

— Écoute, je veux bien faire l’amour; et ne crains rien, ce n’est pas vénal. Mais il y a quand même une condition. C’est que nous le fassions dans le noir, et toi avec les mains attachées. C’est mon fantasme.

Avec peine il a dégluti, mais surtout parce qu’il s’était attendu à pire. Nous avons pris une chambre d’hôtel, ça ne manque pas dans le coin, et j’ai tiré le long rideau tombant devant la fenêtre. J’ai sorti un petit cordon de mon sac et j’en ai attaché les mains de mon partenaire. Je les lui ai attachées dans le dos. Il se laissait faire, amusé, conciliant et attentif. Nous avons échangé un long baiser d’amoureux, baiser dans lequel se faisait déjà l’osmose indéfinissable agissant entre nous dès que nous nous touchons... Après quoi, je l’ai fait venir près du lit. Assise sur le bord de ce lit, devant lui resté debout, je l’ai débraguetté pour le sucer.

Il bandait et me regardait agir avec une attention extrême, faute de pouvoir me toucher. Il était en train de développer dans ma bouche un vingt centimètres ardent et intrépide, que je sentais tout à fait dépourvu de quant-à-soi. J’aurais voulu que le matin naissant s’éternise dans cette fellation. Rien qu’en ce rapport buccal, nous sentions la liaison intime unique qui nous fondait tous les deux. Je mouillais. Lui aussi perlait. Il râlait doucement en expirant et en me poussant lentement sa machine entre mes lèvres fermées. Je sentais à quel point j’avais les moyens de faire jouir ainsi mon partenaire. Outre que le traitement lui plaisait, généralement parlant, mon initiative de lui attacher les poignets avait donné du piquant à l’opération. Un baiser des plus fusionnels, à nouveau, a pris la suite de cette pipe comblante, et pour lui, et pour moi, aussitôt que Christophe a été à deux doigts de décharger...

Donne-moi vite ta bite à sucer

J’ai demandé à mon amant de me laisser toute initiative. Et convaincu par ce magnifique pompier que je venais de lui faire, il a levé au-dessus de la tête ses deux mains liées en signe d’acceptation, d’abandon à ma volonté. Je l’ai déshabillé en m’arrêtant de temps à autre pour baiser les centimètres de peau que je dénudais. Nu, bandant, exposé à ma vue, je l’ai fait tourner sur lui-même pour l’admirer. Ses pectoraux, ses biceps, les adducteurs de ses longues cuisses ressortaient avec un relief hyper-mâle. L’ombre fine des poils achevait de donner à cette mécanique huilée un côté inquiétant, animal.

À ma demande, Christophe s’est couché sur le lit. J’ai sucé, léché, dévoré ce corps dur et entravé: mis à ma disposition. L’idée que le garçon ne pouvait rien faire, pas explorer ma féminité de ses mains, cette idée me grisait et décuplait ma fièvre de possession. Christophe avait compris que je me satisfaisais en le satisfaisant et que je me comblais en lui procurant de la volupté. Et émerveillé de l’aubaine, sentant à quel point nous faisions paire, il me regardait comme si j’étais une fée... ou une sorcière capable de lui prodiguer des émotions inouïes.

Je crois que j’ai l’art (inné) de porter à incandescence un corps d’homme. Je sais que je consumais de désir Christophe, allongé. Quand j’ai enfoui ma tête entre ses cuisses et que son bâton s’est encore plus dressé à la verticale au-dessus de ses truffes, entre ses cuisses, il a pu s’étonner qu’une fille aussi délicate que moi enfonce la tête pour lui brouter le cul.

Mais bon, il commençait à être revenu de tout. Et ébahi, mais ravi, il a levé une jambe pour que ma langue le pénètre mieux et bouffe sans réserve la suave auréole au cœur de ses miches durcies et arquées par de puissants muscles fessiers.

En pleine errance sexuelle, tous deux, évoluant soudés sur des territoires rarement atteints, je l’ai regardé... gravement... Son propre regard signifiait: “Détache-moi, à présent...” Mais j’ai fait non de la tête. Dans la semi-obscurité où pourtant nous nous comprenions sans peine, je me suis assise sur son bas-ventre, lui toujours allongé sur le dos. Adroitement, j’ai placé mon anus sur sa bite méga. Il n’a pas senti le reste (mes couilles et ma queue!) que je tenais presque écrasées vers le haut.

Il est entré en moi, me laissant agir et manœuvrer du bassin, persuadé qu’il pénétrait une chatte. Son expression était révélatrice du bonheur sensuel que je lui donnais. Telle une geisha experte, je l’avais à deux ou trois reprises conduit aux limites de l’éjaculation. Et maintenant il m’enfilait, me regardant au plus profond des yeux, ne les quittant pas, exprimant mille choses avec les siens. Et je sentais sa barre dure coulisser en moi, me lier à lui, s’accélérer, pistonner à grands coups et, enfin, m’ensemencer... tandis qu’à l’unisson nous poussions des râles de volupté presque aussi bruyants que des cris.

Puis il y eût le moment, qui devait bien venir, où Christophe m’a vu nu... a vu mon sexe. Il a pris une potiche sur la cheminée et l’a envoyée se briser dans la glace. J’ai cru dans un premier temps qu’il allait me la lancer en pleine figure. Cela m’était égal. J’aurais pu mourir de sa main. Telle était la passion entre nous!

Deux ou trois fois je l’ai appelé au téléphone, dans la période qui suivit. Au bar où nous avions flirté toute la nuit, il m’avait donné son numéro. Enfin, je me suis décidé à laisser un message sur son répondeur. Le voici: “Ne faisons qu’une chose. Ne nous revoyons plus si c’est ce que tu veux. Mais donne-moi une nuit encore, une seule. Laisse-moi une nuit encore, vivre le bonheur de te donner du plaisir...” Je savais que s’il m’appelait, c’était gagné. Je jouais mon va-tout.

Au bout d’une semaine, il m’a rappelé... Je me suis mis en femme et nous avons pris une chambre d’hôtel. Plus confortable que la première. Une nouvelle fois, j’ai attaché avec un cordon ses deux mains dans son dos. C’était le jeu, le fantasme. Il était alors dans son bain. Je l’ai massé amoureusement, sans un mot. Ma passion était folle. Je l’ai fait jouir, là, au milieu de l’écume épaisse du bain moussant. Flattant ses couilles mouillées et le pompant de ma bouche experte, je l’ai fait éjaculer. Bave sur bave, écume sur écume, tandis qu’il me fixait de ses yeux dilatés. Je nous revois ensuite sur le lit. Il m’a enfilé:

— C’est drôle, a-t-il commenté, on t’enfile exactement comme une femme!

Et il a continué à me pistonner en prenant appui sur ses mains, comme pour faire des pompes, car il me prenait par l’avant, face à lui et sous lui.

— Reste avec moi, lui ai-je dit, chaque soir tu seras bien, tu seras heureux!

— Ça, n’y compte pas! a-t-il répondu.

Mais tout compte fait, c’est ce qui s’est produit. Progressivement, de fil en aiguille, de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, d’invention amoureuse en audace originale, j’ai retenu mon homme.

Avec de l’amour aussi.

De l’attention, des petites attentions, de l’humour...

Nous avons fini par nous installer ensemble. Il s’occupe de la comptabilité du centre d’esthétique que j’ai créé, et que nous faisons grandir ensemble comme un e n f a n t , notre e n f a n t . Je sais que dorénavant, il ne me quittera pas. Même si en huit ans de mariage, il a pu lui arriver de folâtrer ailleurs, d’aller voir des femmes, je suis SA femme! J’ai quelque chose que les autres, toutes les autres n’ont pas.

Quelque chose? Plein d’amour à lui donner. À quoi aviez-vous pensé??

Gaël,

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